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« A 19 ans, mon premier tatouage a été un hommage à ma grand-mère »

La première fois que j’imagine me faire tatouer, j’ai une quinzaine d’années. Je suis en classe de 3e au collège Henri-Bergson, à Garches (Haut-de-Seine), mais aussi à l’autre bout du monde, en voyage scolaire à Tahiti, où je découvre la force des tatouages polynésiens. Là-bas, chaque tatouage a une signification familiale et personnelle. Comme un nom, il t’identifie et te relie à tes proches. C’est vraiment là que je comprends que je me ferai tatouer un jour. Mais quoi ? Il me faudra plusieurs années de réflexion pour en choisir le motif. Ce dessin, aujourd’hui encré sur mon corps, fait partie de moi, de mon identité. Il m’accompagnera jusqu’au bout de ma vie.
Je dois ce voyage en Polynésie aux responsabilités que j’ai prises au sein de l’association sportive de l’établissement tout au long de mes années de collège. En 3e, je suis officiellement représentante des jeunes au sein de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), une association qui fédère plus de un million de jeunes sportifs scolaires et des milliers de clubs. J’apprends, j’organise des rencontres, je mobilise autour de moi. Pour cette dernière année, je suis sélectionnée pour accompagner l’équipe de France UNSS de beach-volley à Papeete.
L’année suivante, j’intègre le lycée Alexandre-Dumas, à Saint-Cloud (Haut-de-seine). Cet établissement est presque « familial » : mes parents s’y sont rencontrés, ma grand-mère en a été la surveillante principale. J’y suis un peu chez moi, mais scolairement, je ne navigue plus dans la facilité. On ne me demande plus de réciter des cours, mais d’approfondir, de réfléchir et disserter… Moi, je pense plus en arborescence. Trop souvent, je m’emballe et je ne réponds pas à la question posée. Je suis souvent hors sujet.
En fait, le lycée m’intéresse, mais pas les cours. Je deviens vice-présidente de l’association sportive du lycée, présidente de la Maison des lycéens. J’organise des ventes de charité, des courses caritatives, le bal annuel. Je m’occupe de tout ce qui fait que le lycée n’est pas seulement un lieu d’étude.
Puis arrive l’année de terminale, en 2019-2020. Pour tout le monde, c’est la première année Covid-19. Pour ma famille, c’est aussi celle du cancer. Les médecins diagnostiquent à ma mère une tumeur à la poitrine. Ma grand-mère paternelle, Mounia, est atteinte d’un cancer du côlon. Ma grand-mère maternelle souffre aussi d’un cancer du sein. C’est un raz-de-marée émotionnel, ma mère va vraiment mal, elle subit des traitements anticancéreux, la chimiothérapie l’épuise. Je ne sais pas quoi faire.
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