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JO 2024 : « Pour les sportifs, il y a un dilemme entre l’exigence de “neutralité” et la protection de leur liberté d’expression »

A n’en pas douter, les prochains Jeux olympiques de Paris 2024 se préparent dans un contexte international particulièrement alarmant, que l’on pense à la situation en Ukraine ou à celle dans la bande de Gaza. Comment, dans de telles conditions, pouvons-nous nous réjouir à l’approche de cet événement, nous imaginer vibrer devant telle ou telle performance, ou être préoccupés par le nombre de médailles remportées par son pays ?
On se rappelle comment la tenue de la Coupe du monde de football au Qatar en 2022 avait révélé notre capacité à prétendre oublier, au nom de l’amour du sport, les circonstances dans lesquelles les compétitions ont lieu ou sont attribuées. Comme s’il n’y avait aucun plaisir à attendre d’un spectacle contaminé par des considérations politiques. La fragilité étant le propre de l’illusion, il est aujourd’hui urgent de réfléchir à la possibilité d’organiser un événement mondialement fédérateur sans forcer ceux qui y participent à s’abstraire entièrement de l’actualité.
S’agissant des athlètes, ce dilemme met face à face l’exigence de « neutralité », à laquelle le règlement des Jeux les soumet, et la protection de la liberté d’expression dont ils bénéficient au même titre que les autres citoyens. La difficulté est rendue d’autant plus incontournable que, à la faveur des réseaux sociaux et de l’information en continu, les expressions publiques sont plus nombreuses, plus surveillées, et plus volontiers instrumentalisées.
Chacun conserve notamment le souvenir, lors des Jeux olympiques de Mexico, en 1968, des coureurs américains Tommie Smith et John Carlos levant leur poing ganté en signe de protestation contre l’injustice raciale. L’histoire se souvient moins, en revanche, de leur suspension par le comité olympique des Etats-Unis, et de l’isolement et des menaces subis pendant de longues années, avant leur réhabilitation par Barack Obama en 2016.
En 2024 encore, il est extrêmement risqué pour un athlète de s’affranchir de cet énigmatique « devoir de neutralité », aussi bien vis-à-vis de l’organisation des Jeux olympiques et de sa fédération nationale que de ses sponsors. Selon le cinquième principe fondamental contenu dans la Charte olympique, en effet, « les organisations sportives au sein du Mouvement olympique se doivent d’appliquer le principe de neutralité politique ». Il est également rappelé que le Comité international olympique (CIO) se doit « de protéger son indépendance, de maintenir et promouvoir sa neutralité politique ».
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